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Jean Claude Andre P3DP
Jean Claude André
Ancien directeur du CNRS

Personnalité de l'impression 3D: Jean Claude André

Qui est Jean Claude André ?

Jean-Claude André a débuté en tant que chercheur au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), une institution de recherche prestigieuse en France. Son intérêt pour la fabrication additive, plus communément appelée impression 3D, découle de sa passion pour les innovations technologiques et leur application pratique dans divers domaines.

Jean-Claude André, avec ses collègues Alain Le Méhauté et Olivier de Witte, a déposé le premier brevet concernant la stéréolithographie en France en 1984. Cette technologie utilise la photopolymérisation, un processus dans lequel des rayons de lumière (généralement un laser ultraviolet) durcissent chimiquement des photopolymères liquides couche par couche pour former des objets solides. Ce procédé était révolutionnaire à l’époque car il permettait de créer des objets complexes, couche par couche, directement à partir de données numériques, ouvrant ainsi la voie à ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom d’impression 3D.

Nous fêterons cette année les 40 ans de votre découverte. Quelle a été votre inspiration initiale pour vous lancer dans l'impression 3D ?

Nous ne savions pas particulièrement ce à quoi allait servir cette technologie. Nous avons été interpellés par des collègues qui se confrontaient à une problématique, et nous nous sommes arrêtés un peu à réfléchir sur une solution.

Plus précisément,  Alain le Méhauté  qui travaillait pour une division d’Alcatel qui s’appelait la CILAS (Compagnie Industrielle des Lasers), qui avait notamment pour mission de trouver des applications utilisant les lasers, avaient notamment inventé un laser “vert” qui avait pour vertu de faire de la “séparation isotopique”. 

Lors d’une expérimentation ou j’ai utilisé le soleil comme source stigmatique, puisque le laser n’était pas disponible ce jour là, j’avais fait un système avec des caches pour stopper l’impact du soleil sur certaines parties des couches de résine polymérisable, et ça a fonctionné, en créant un objet très rudimentaire, mais nous avions crée la preuve de concept.

Est ce que vous souhaitez évoquer la question des brevets qui ont accompagné l’invention de l’impression 3D en
1984 ?

Nous avons déposé un brevet en 1984 avec l’accord du CNRS, alors que 6 semaines plus tard, aux États-Unis, Chuck Hull déposait un brevet pour une invention similaire. Le brevet Français qui avait été déposé avant le brevet Américain a été placé dans le domaine public par la hiérarchie d’Alcatel, faute de vouloir payer pour son maintien.

Avez-vous une utilisation de l’impression 3D dans vos recherches actuelles et passées ?

Non, je ne suis pas utilisateur de ces technologies. On m’a souvent demandé lors d’interviews “combien de machines avez-vous chez vous?”, ce à quoi je répondait : “aucune..” 

Cependant, quand je vois une pièce qui se fabrique, je trouve ça toujours “magique” même depuis 40 ans.

Aviez vous une idée des cas d’applications de l’impression 3d lorsque vous travailliez sur la mise au point du procédé ?

Non, tout au début, nous cherchions à apporter des solutions pour certains confrères, et nous avons réalisé la preuve de concept avec des outils très rudimentaires. Nous avons ensuite mis au point une machine qui soit “montrable”, et à partir de là, des idées ont commencé à arriver. “Les idées d’applications sont venues du fait qu’il y avait une machine.“

On s’est rendu compte que des pièces protos  seraient faisables avec ces machines, et avons découvert que ces machines étaient capables de faire des pièces infaisables autrement. 

Quel est votre regard sur les utilisations actuelles de l'impression 3D ?

Un exemple que je trouve tout à fait intéressant est la possibilité de refaire à l’identique des bâtiments ou objets du passé, comme lorsque les ruines romaines en Syrie ont été détruites, puis reconstruite grâce à l’impression 3D.

Quels sont les grands défis que vous identifiez pour l’industrie de l’impression 3D ?

Un des défis de l’impression 3D lui vient de sa nature même: Si la technologie excelle dans la fabrication de pièces individuelles, la fabrication de pièces en grande série est plus complexe, plus coûteuse que des fabrications collectives, même si des progrès ont été faits au cours des dernières années.

Le traitement de surface est également un des défis que devra relever l’impression 3D pour pouvoir percer dans davantage d’applications.

Avant notre entretien, vous avez évoqué “l’impression 4d”, vous avez écrit plusieurs livres sur le sujet, est ce que vous pouvez nous faire un état des lieux de cette technologie ?

La 4D, c’est de la 3d dans laquelle, on va mettre un matériau actif ou intelligent qui va pouvoir changer de forme sous l’effet d’une impulsion énergétique. C’est un domaine qui a émergé en 2013, et dont les publications scientifiques connaissent une croissance de  44% par an.

Aujourd’hui, nous aurions besoin que les gens changent de façon de raisonner pour faire que l’impression 4D trouve des applications industrielles. 

Il faut partir de la fin, c’est-à-dire de l’application finale du produit, pour remonter jusqu’à la fabrication, en se posant la question du matériau, du procédé, de l’énergie afin de tirer profit de cette technologie.

Un dernier mot ?

Laissez vivre les jeunes générations ! Sur l’impression 3D ou 4D, ce n’est pas avec des gens conformes que nous allons avancer. Il faut des empecheurs de penser en rond. Il nous faut donc réinventer un esprit pionnier !

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